Edito
Waxx the fuck ?
Il y a eu débat au sein de la rédaction pour savoir s’il était judicieux de placer Waxx sur la couverture. Bien sûr, notre lectorat apprécie, les statistiques sont formelles, les couvertures présentant les gloires de la folk, du rock et de la pop. Ainsi, vous plébiscitez les Bob Dylan, David Gilmour, Paul McCartney, Eric Clapton ou Bruce Springsteen. Toutefois, nous nous sommes rendu compte que, à une époque où certains artistes se présentent à la radio, à la télévision, voire sur scène avec un laptop ou un iPhone pour seul accompagnement, et quand les journalistes et finalement le public considèrent la chose comme normale, il y avait urgence à défendre notre héritage musical et, plus particulièrement, notre instrument. Or, qui se permet de nos jours de présenter une émission qui parle de musique, la fait vivre et impose le format live comme évident ? Il y a bien Nagui et son salvateur Taratata, il y a eu Manu Katché, et il y a Waxx, qui invite les stars ou les chanteurs en développement à partager un moment avec lui, guitare à la main. Pas de chichis, mais pas de bande préenregistrée sous prétexte que l’electro se fait avec des ordinateurs (il y a pourtant d’excellents musiciens electro, mais ce n’est pas la question). On a vu les matinales de France Inter trustées par des chanteurs qui s’expriment par-dessus un playback joué par un iPhone, on a pu voir certains se vautrer parce qu’ils ne savent plus faire sans électronique et que leurs morceaux paraissent bien fades sans les artifices de la prod. Il y a quelque chose de rassurant et finalement subversif dans le fait d’oser se pointer guitare à la main et réintroduire ce qui manque cruellement à une époque faite d’images à 90 % et où le son devient l’accessoire : un vrai geste musical, où on voit le son en train de se faire et où il est possible de se planter mais où les artistes ont la décence de se mettre au niveau pour que ça n’arrive pas. On entend dire souvent que le rock est mort, que les jeunes n’ont plus personne à qui s’identifier. Qui pourrait leur en vouloir s’ils ne voient jamais un musicien au travail, suer, trembler et finalement faire briller un peu d’humanité quand on ne parle que de performance ? Donc, pour tout ça, on avait envie de dire merci à Waxx et de le mettre sur la couverture.
Régis Savigny
Numéro N°64
7,90€