
Cristiano Nascimento & Wim Welker
Portraits
(La Roda / Noa Music / InOuïe Distribution)

La musique brésilienne est une source d’émerveillement assez remarquable qui, quand on dépasse les poncifs de la samba et de la bossa nova, semble intarissable que ce soit par sa richesse rythmique (aaaah, la musique du Nord…) ou sa puissance mélodique. Le duo Nascimento Welker est loin d’être né de la dernière pluie et déploie dans ce disque, sobrement titré Portraits, toute la panoplie que permet la guitare, qu’elle soit à 6 ou 7 cordes (une spécialité toute brésilienne), électrique ou plus spécifique, comme la viola nordestine qu’on entend çà et là avec ses chœurs tintinnabulants. Entre jazz, musiques plus traditionnelles et liberté totale, les dix plages du disque nous font voyager au sens noble du terme, puisqu’on ne cède pas ici à une volonté d’exhiber un exotisme un peu surfait. Les deux musiciens se connaissent par cœur et vivent cette musique pleinement, c’est donc le Brésil qui emprunte çà et là quelques influences plutôt que l’inverse. La production est spartiate (parfois âpre sur certains instruments) et il faut tout le talent et le doigté des deux guitaristes pour donner du moelleux et de la profondeur au tout. Après tout, c’est la marque des très bons d’embarquer l’auditeur sans artifice inutile. Parmi nos titres favoris, celui qui clôt l’album « Baden no choro », bel enchevêtrement de cordes presque comme un quatre mains sur un seul piano, ou le pétillant « Heraldo Ponteando » qui annonce la couleur d’entrée en mélangeant viola nordestine et guitare électrique. Un disque plein de surprises, simple et direct, qui parlera aux vrais amateurs de guitare.
Didier Saint-Grawal