Edito

L’HERITAGE

On nous a dessiné avec le mythe du génie, qui créait tout, tout seul, ex nihilo. Cette figure de l’artiste empoisonne encore beaucoup nos représentations, nous empêchant parfois de simplement prendre notre guitare et jouer ou composer. Pourtant en côtoyant des artistes établis, tous insistent sur plusieurs faits incontestables. D’une part, ils sont le fruit d’une culture, d’un héritage. Cet héritage peut être familial comme pour Axel Bauer, Jean-Luc Thievent, Tchavolo Schmitt ou Ben Harper, mais il peut aussi être celui de toute une culture, comme pour Dan Ar Braz. D’autre part, cet héritage n’est qu’une matière première qu’il faut modeler, travailler, parfois jusqu’à la folie. Or, on ne nous présente parfois que la partie glamour de l’acte créatif, l’éclair de génie, la séance miraculeuse en studio, le concert devant une salle comble. On oublie trop souvent la sueur, les doutes et le fait que personne ne naît génial et virtuose. Est-ce que le travail suffit ? Non, mais il est essentiel et puisque ce n’est que de la musique, il faut absolument garder cette notion de plaisir et arrêter de se comparer à tel ou tel musicien. Juste prendre sa guitare. Souvent. Et jouer. Nous vous avons préparé de beaux morceaux solo ou à partager tout l’automne, quelques tests de belles guitares qui donnent envie de jouer et des interviews de musiciens qui sont tous passés et passent encore par le doute et le travail sur l’instrument. Prenez de tout cela ce qui vous inspire et foncez : personne ne le fera pour vous aussi bien que vous.

La Rédaction